Le phénomène Tanguy : ces jeunes qui restent ou reviennent à la maison !

Publié le 15 février 2022 Catégorie : Reportages

Vous connaissez le film d’Etienne Chatillez, Tanguy ? C’était en 2001 avec Tanguy, le Retour en 2019 ! Et pourtant, c’était déjà d’actualité : des gosses à la maison qui ne veulent pas partir et/ou qui reviennent et se tapent l’incruste, et des parents qui n’en peuvent plus ! Si la Société est économiquement responsable en partie de cette situation, nous avons nous aussi, les parents, notre part de responsabilité !

Mais quelles sont les raisons qui font qu’on a des Tanguy à la maison ?

 

iStock-@Valeriy_G.jpg
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Dès les années 70, nous constations ce phénomène. En 2013, les chiffres explosent avec 46 % de jeunes entre 25 et 30 ans à la maison. Aujourd’hui, c’est presque 5 millions de Tanguy qu’on dénombre et qui, après tout, aiment l’ambiance plutôt cool de la casa, mais dont la situation n’est pas, en réalité, super confortable.

Les raisons sont avant tout économiques :

  • Istock@Harbucks
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    Les apparts/maisons coutent chers à l’achat, comme à la location, et les jeunes ne gagnent pas toujours des mille et des cents pour se les offrir !

  • Il y a de plus en plus d’étudiants: 58 % d’après une étude de l’INSEE de 2018 ! C’est donc une frange de la population qui n’a pas ou peu de revenus.
  • Chez les 25/29 ans, certains essaient de rester le plus longtemps possible chez les parents pour économiser, capitaliser et investir dans l’immobilier ou pour créer leur boîte.
  • La hausse des emplois précaires ne favorise pas un pouvoir d’achat décent (nourriture, vêtements, loisirs, sortir, transports en commun, voitures, etc…).
  • Peut-être plus inattendue, et pourtant bien réelle à tous les âges, c’est l’imbattable rupture sentimentale. Inévitablement, il faut bien qu’il y en est un des deux qui parte avec un retour à la case Départ !
  • Et puis, il y a bien sûr les jeunes qui ont peur de se retrouver tout seul, de devoir se gérer, ne savent pas s’assumer et/ou n’en n’ont pas envie (et en plus, il faut avouer que ce sont bien plus souvent des garçons que des filles).

Mer** !

Eh oui, mer** !

Istock@Wavebreakmedia
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Que ce soit dans une famille classique ou recomposée, lorsque les enfants partent de la maison, tous les parents souffrent du Syndrome du Nid Vide. Lorsque la/le p’tit(e) dernier(e) n’est plus là, nous voilà déphasés dans notre quotidien. On a l’impression d’être inutile. Les enfants, c’est la vie ! Alors parfois, c’est la peur de vieillir, la dépression, ou l’ennui qui nous étreint… Jusqu’à qu’à ce qu’on s’habitue à cette nouvelle existence ! On découvre alors que c’est cool de vivre en couple ou seul sans les gosses ! On fait ce qu’on veut, quand on veut sans avoir de logistique à gérer pour les mômes ! On économise même, parce qu’on ne va pas se mentir, des enfants à la maison, ça coûte une blinde. Résultat : p’tits restos, week-end, voyages…

Istock@YakobchukOlena
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Durant 20 à 30 ans, nous avons été parents. Papa/Maman redevient un couple/des individus ! Nous pouvons enfin penser à nous, à être heureux en tant que personne, (les gosses vont bien donc tout va bien). Nous redécouvrons une vie sans contrainte. On voit les gosses de temps en temps. On a des news sur les stories d’Insta et les groupes WhatsApp (quoique) ! Une chose est sûre, ils ne vont pas nous étouffer, eux, depuis qu’ils font leur vie. Limite, nous devons les harceler pour avoir des nouvelles. Bref ! Chacun a pris son indépendance et c’est très bien comme ça !

 

Istock@MangoStar_Studio
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Et Bim ! Bébé d’amour revient ! En général, sans prévenir, pour une durée illimitée et puis on ferme notre bouche parce qu’il/elle est à moitié dépressif(ive), ruinée et que ça n’a pas l’air d’aller très fort ! Mais ne soyons pas hypocrites, ça nous emmer**, mais ça nous fend quand même le cœur de voir notre choupinet(te) morfler autant ! C’est fini, la routine, la tranquillité ou la fête et tout le toutim ! Pour nous, comme pour lui/elle ! Et Grand Bébé s’étonne parfois de ne pas se sentir bien accueilli dans ce cas-là. Ben tiens, tu veux qu’on vienne squatter chez toi voir ???? Même si nous sommes contrits pour elle/lui, il y a du changement dans l’air et pas du petit.

Il y a des règles pour que ça se passe bien ?

Oui il y a des règles pour que tout se passe bien… Enfin, c’est surtout du bon sens en fait ! La Psychiatre Marie-Claude GAVARD préconise de mettre des règles en place pour une coloc harmonieuse. Un Grand Bébé qui est parti, sait tout faire normalement, donc pourquoi ne le ferait -il pas à la maison ?

Istock@AntonioGuillem
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1. Un petit coup de fil du gamin pour nous dire qu’il se sépare / s’est fait viré dans lequel il nous demande s’il peut revenir à la maison? Déjà c’est chia**, mais c’est poli, et comme c’est notre gosse, on ne peut pas dire non (surtout que nous avons tout de même les boules pour lui et que normalement nous sommes inquiets) !

2. Que Grand Bébé nous donne une idée de quand il compte revenir, une date quoi ! Histoire qu’on s’organise. Peut-être que sa chambre n’existe plus, qu’on s’est fait une chambre rouge ou une pièce où on fait du yoga ou de la poterie et que voilà…. Nous faut un peu de temps pour tout remettre en ordre !

Istock@paulaphoto
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3. Que Bichounet(te) nous donne une idée du temps qu’il compte rester, histoire de mettre un peu de sous de côté, ce qui est tout à son honneur pour repartir s’installer de son côté…

4. Que Papa/Maman fixent des règles à Grand Bébé et que celui-ci les respecte! Pas des règles enfantines, mais le jeune homme n’est pas obligé d’amener de nouvelles nanas tous les soirs, laisser ses fringues traîner partout, ou que Mademoiselle te vire du salon parce que ses copines seront là ou qu’ils sautent sur l’occas lorsque nous les darons prenons une semaine de vacances (c’est la terreur dans notre esprit parce que nous nous disons qu’ils vont se croire chez eux !).

Psychologiquement, ça peut être dur ?

Oui, ça peut être dur pour les deux : les parents et Grand Bébé vivaient une vie libre, avec chacun leurs valeurs et leurs habitudes. Le plus courant dans cette situation, c’est que l’enfant s’infantilise dès il retrouve le nid familial et/ou que les parents reprennent leurs vieilles habitudes contrôlantes.

Istock@Halfpoint
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L’idée c’est de communiquer, de partager et surtout de se comporter en adultes respectueux sans empiéter sur la vie des uns et des autres. Expliquez à vos enfants que vous n’êtes pas que des parents, mais aussi des adultes avec une vie quoi, tout comme eux.

Ainsi, les Tanguy volontaires ou involontaires (les pauvres), peuvent participer à la vie de la maison, faire du ménage, à manger, faire quelques commissions de temps en temps parce que justement ce ne sont plus des bébés !

Attention aux parents intrusifs : il faut respecter la vie privée de notre progéniture ! Ce n’est plus un bébé, on l’a déjà dit, c’est un adulte ! Et s’il décon**, on le lui dit ! Il peut l’entendre.

Istock@gpointstudio
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Le problème du phénomène Tanguy, c’est la stagnation sociale que représente ce « j’vis toujours chez mes parents » pendant que leurs copains avancent dans leur vie. En général, les parents ne réclamant rien (ni côté fric, ni côté ménage/bricolage), poussent leur enfant à végéter. Le Professeur Pascal JANNE de l’université de Louvain en Belgique explique que certains Tanguy choisissent délibérément des relations qui ne peuvent pas fonctionner. Pourquoi ? Parce que, sans qu’ils en aient conscience, c’est leur loyauté au système familial qui les retient plus ou moins. Ainsi, ils s’engagent, mais pas vraiment. Par exemple, ils choisiront quelqu’un avec qui il n’y aura pas de compromis possible, des valeurs divergentes afin de justifier une rupture puis un retour dans le nid parental. Mais tout ça est inconscient bien sûr.

Comment faire pour ne pas faire un Tanguy ?

 

Istock@master1305
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Déjà il faut éviter de faire des enfants Roi ! Aimer et éduquer ses enfants, ce n’est pas « être à leur service ». Il faut autonomiser/responsabiliser ses enfants pour les rendre indépendants. Apprenez-leur à faire leur lit, ranger leur chambre, laver du linge, faire du ménage, cuisiner, gérer leur argent de poche pour que leur émancipation ne leur fasse pas peur. Ce qui est normal, c’est que nos enfants fassent leur vie de leur côté, pour eux-mêmes fonder leur famille, s’ils le souhaitent, ou vivre comme bon leur semble. Et comme l’écrivait la célèbre psychanalyste Françoise Dolto « Les enfants sont les symptômes des parents ! ».

4 réflexions sur « Le phénomène Tanguy : ces jeunes qui restent ou reviennent à la maison ! »

  1. Comme d’habitude un magnifique portrait d’un phénomène qui à explosé avec la crise de la quarantaine, la « consommation » de la vie de couple, et malheureusement le Covid ( entre autres pleins de choses)
    Merci pour ce billet, c’est toujours un régal que de te lire

  2. bonjour
    je lis avec intérêt vos réflexions sur le phénomène Tanguy. Mais Tanguy date de 2001. C’est dépassé cette image du trentenaire qui fatiguent les parents. Aujourd’hui, ils nous traitent de OK boomer dès qu’on leur demande de nous aider pour un problème informatique, ils haussent les épaules car ça fait quinze fois qu’on leur demande comment brancher HBO. Ils prennent leur revanche. Woke generation, cancel culture ils mettent à la case nos idées et nos principes. On pense faux, on pense mal. Ils restent à la maison? Mais on a besoin d’eux !! Ils ont renversé la donne.

    1. Bonjour Martine, Merci d’avoir pris le temps de lire mon billet. J’avoue que votre constat est aussi une réalité. Il faut bien aussi que nos « petits » partent faire leur vie ! Mais vous avez tellement raison sur tous ces trucs que nous ne savons pas faire… Après, il y a tous ces jeunes qui sont indépendants et passent tout même embrasser leurs parents et se moquer un peu de notre « nullité »… A bientôt

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A propos de l’auteure

Fille d’un artisan-expert judiciaire, puis chef d’entreprise à mon tour, j’ai décidé de quitter le nid familial pour voler de mes propres ailes. J’ai alors œuvré dans le 1er groupe de presse français pendant 15 années. La filiale dans laquelle je travaillais a fermé ses portes après plus de 40 ans d’existence. D’un malheur est né un rêve. Je me suis alors inscrite dans une célèbre école de journalisme. Et mon diplôme d’attachée de presse en poche… Me voici…

Vous allez découvrir que je suis spontanée, capricieuse, espiègle, malicieuse faut-il croire, rêveuse sûrement, contemplative absolument, timide beaucoup et agaçante semblerait-il, sans aucun doute, pour certains…

Ce sont assurément pour toutes ces raisons, qu’il vaut mieux que j’écrive, c’est encore là que je reste la plus mignonne… Quoique !

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