Bondage life ou avoir une vie de Femme d’artisan !
J’ai du mal à gérer un agenda surchargé bien que certaines de mes copines pensent que je glande un peu, beaucoup, passionnément parce que je bosse de chez moi. Attachée de Presse, blogueuse et femme d’artisan du Bâtiment. La gestion d’entreprise, c’est tout un art, et c’est mon premier métier. Croyez-moi, ce dernier boulot est un vrai sacerdoce. En réalité, à part mes consœurs, je pense que peu de personnes savent ce que nous faisons… C’est rageant et il y en a marre PU-TAIN !
Le premier truc, c’est que nos mecs, clients, familles, salariés, amis, pensent que nous sommes des WonderWomen parce que tout à l’air facile pour nous ! Non mais les gars, on galère pour en arriver là !
D’abord on a l’impression qu’on a eu le job, parce qu’on a couché avec le patron ! En dehors de nos multiples compétences, c’est pas faux ! En même temps, vu ce qu’on est payé, heureusement qu’on se paye sur la bête !
En plus, on a la précarité de l’emploi : perso, je me fais licencier quelques heures tous les ans, jusqu’à ce que Chéri-Chéri réalise que c’est pire si je ne suis pas là. Licenciement du soir, espoir du matin… Il préfère que je l’agace et que je garde mon job (comme ça, il garde sa meuf aussi – SIC). Cela dit, selon lui, je ne peux pas comprendre tout le poids de ses responsabilités. T’es sûr de ça, vu que c’est moi la petite main qui gère ta boîte, je ne peux pas comprendre, c’est certain !
Lorsqu’une de mes copines me téléphone pour me dire : « Salut je peux passer prendre le café ? » et qu’il est 15h30 ???? Qu’est-ce que je dois répondre ? « Ah oui, mais tu bosses pas vraiment ! Tu bosses chez toi ! »… Je BOSSE chez moi effectivement. Tout est dans le verbe BOSSER ! Je télétravaille moi Madame (et depuis bien avant que ce soit un truc tendance) dans mon bureau de 12m2 où je passe ma vie quand je ne dors pas, en gérant 10 salariés, je sais pas combien de clients, la DGIFP, la com, le juridique, le fiscal, la compta, etc… On m’appelle Shiva mais ça personne le sait… Je suis aussi un être humain les gars ! Je ne suis pas qu’un ordinateur ou qu’une licorne !
Le pire, n’est-ce pas, c’est que je ne comprends pas, que mon bureau ressemble à Beyrouth chaque matin ! Le soir en débauchant (genre tard mais avant Chéri-Chéri), je laisse mon bureau rangé nickel. La nuit, y aurait-il un syndicat de p’tits lutins qui bossent comme des fous pour saccager mon espace de travail et y mettre autant de papiers et de dossiers que possible ! Sauf que ces horribles p’tits lutins diaboliques, c’est Chéri-Chéri qui d’un air innocent me dit « t’as trouvé mes factures ? »…
Et puis il y a les clients dans la vie d’une femme d’artisan ! Ceux qui m’inspirent soit le port d’une combinaison en latex de dominatrice avec une cravache, soit qui me donnent envie d’entamer une psychothérapie ou de rester prostrée en bavant pendant des heures ou ceux qui me rappellent que l’âme humaine est une belle chose… Quelques-uns doivent penser qu’ils sont tous seuls et que je les attends toute la journée en chantonnant, en regardant Netflix d’un œil, en faisant des crêpes d’une main, et en répondant au téléphone de l’autre. J’ai le client super adorable et bien élevé… Mais aussi celui qui me pourrit la semaine : le parano, le persécuteur, le chouineur qui est le plus malheureux du monde et qui doit passer avant tout le monde, l’égotique super prétentieux, celui qui connaît tout sur tout, le susceptible et l’escroc !
Ah j’allais oublier mon préféré : le client sans gêne ! C’est celui qui s’en fout qu’il soit 7h du mat le dimanche ou 22h38 en semaine lorsqu’il téléphone. C’est aussi celui qui radine dans mon jardin quand en juillet, je termine mon taf à 20 heures et que pour UNE FOIS, Chéri-Chéri m’accorde de prendre l’apéro avec moi en amoureux… Ce client qui vient et qui me dit « Ah enfin je vous trouve, j’ai fait le tour de la maison… » Mais pourquoi tu crois qu’on s’est planqué Monsieur le client hein ? Tu devines pas pourquoi ? Il y a aussi la cliente qui, quand je rentre chez moi par la porte d’entrée, rentre par la baie vitrée de la cuisine (après avoir traversé tout le jardin) et me balance un « J’arrivais pas à vous joindre, alors je suis venue parce que j’ai besoin d’un rendez-vous pour poser un poêle l’année prochaine ? » Mais il est 13 heures Madame la cliente ! Chéri-Chéri et moi avons une vie privée tu sais !?!?!? Grrrrrrrrrrrrr….
Il y a toutes ces relations transversales qui font partie de notre travail mais que j’ai l’impression de faire ni vu, ni connu, en sous-marin… Avec les services fiscaux par exemple quand mon comptable a merdé… Et là franchement, calculatrice entre les dents, je fonce dans les méandres de l’administration… Aucune solution sauf si tu es une guerrière aguerrie et rompue à tous les combats, tu t’en sors pas… Il y a mon banquier, partenaire la plupart du temps, mais que je ne comprends plus lorsqu’il n’est plus un magicien et m’applique des frais ou n’obtempère pas aux demandes de Chéri-Chéri qui lui-même pense, je vous le rappelle, que je suis une licorne, et qui ne comprends pas que le banquier ne me comprends pas (SIC)… Il y a mon fameux comptable qui ne va jamais assez vite, que j’ai envie de secouer parce qu’il ne m’écoute pas et je finis par tout faire toute seule (du coup je suis encore plus débordée de ouf)… Il y a aussi les fournisseurs et leurs services compta, l’Urssaf, la Caisse des congés payés, la caisse de retraite, la médecine du travail, la Dirrecte, les déclarations en tout genre, etc… Et là, saturée, je me demande si l’univers est un enfoiré ou si j’ai fait de sacrées saloperies dans une vie antérieure putain de bordel de MER-DE pour vivre un tel truc ! Dans quel bourbier me suis-je mise ? Mais comme je suis une nana super roots, je tiens le choc !
Quand je pense que ma journée est terminée… Que nenni ! Chéri-Chéri me demande à 23h45 « dis ma chérie, tu as donné rdv à Mr Machin pour son instal ? » Naaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaan !
Mais je vous le dis : mon premier geste du matin n’est pas de mettre la tête dans un saladier de coke et d’avaler quelques ecsta pour travailler plus, toujours plus ! Toujours sous tension pour avancer, avoir des projets pour mon patron/mec, les réaliser, gérer, être disponible, belle, sexy, joyeuse, douce, calme, attentive, à l’écoute, compréhensive et JAMAIS fatiguée…. STOP ! J’ai le droit d’être une femme inconstante et chiante, si j’veux !
En plus, en tant que femmes de personnalités (parce que bon ok, on a un peu de tempérament quand même pour tenir le choc face à des hommes à fort potentiel), il faut bien se dire qu’on veut se réaliser aussi, et pas seulement être un ersatz de notre amoureux.
Bon ok, j’arrête de me plaindre car comme disait Coluche « Pour qu’il y ait du chomâge quelque part, il faut déjà qu’il y ait du travail. En France, il y a les deux, seulement quand il y a du travail, les travailleurs se plaignent de travailler ».