Les vents du Tao soufflent sur Karine Taoki

Publié le 22 décembre 2016 Catégorie : Reportages

Karine Taoki by Adélaïde
Karine Taoki by Adélaïde

Sculptrice et calligraphe, Karine Taoki est une personne comme je les aime. Elle est actrice de sa vie, ne la subit pas. Elle est heureuse et émerveillée de ce qu’elle vit. Pour elle, chaque jour est un cadeau, même si comme tout le monde, elle a des jours avec et des jours sans.

C’est un vrai luxe de pouvoir vivre de son art à notre époque, car pour cela, il faut assumer ce que l’on a créé, avoir du courage pour s’exposer, avoir du talent naturellement, et être opportuniste sans aucun doute pour saisir au vol la chance, quand elle se présente. Elle a su faire tout cela.

Perles de Chine by Adélaïde
Perles de Chine by Adélaïde

Son parcours est un chemin pavé d’amour, d’imagination, et de voyages. D’amour, parce qu’elle et Ludo, son mari, forment un couple, mais aussi une équipe dans leurs vies professionnelles. Sans lui, les Vents du Tao n’existeraient pas. D’imagination. Il en faut pour donner vie à des « Poup’Thés » réalisées avec des ustensiles de cuisine de récupération. Et de voyages, car ils se promènent à travers le monde pour participer à des festivals de cerfs-volants. Ludo est un spécialiste des lucanes. Il est reconnu dans sa pratique et par les puristes de cet art. Il fabrique des cerfs-volants en papier bambou, technique qu’il a apprise en Chine auprès d’un maître chinois. Il est passionné par les aérodynes, autant que Karine aime sculpter. Alors, travailler à l’unisson est devenu naturel pour eux.

Création de Karine Toaki by Adélaïde
Création de Karine Toaki by Adélaïde

Fusionnels, ils le sont. Indispensable quand on travaille ensemble. L’un dépend de l’autre, et vice-et-versa. Surtout quand on a des intérêts en commun. Karine et Ludo ont 2 ateliers : un à Marines dans le Vexin en région parisienne, et un à Mortagne-sur-Gironde, 2 ateliers où ils produisent leurs créations et donnent des cours. Ils vendent aussi une partie de leur production dans leur boutique de Talmont-sur-Gironde. Ainsi, ils partagent leur temps entre la Charente-Maritime pendant les vacances scolaires et l’Oise le reste de l’année. Sans compter les voyages en Asie et particulièrement en Chine pour acheter de la matière première, les festivals internationaux, et les expositions un peu partout en France.

Les Vents du Tao
Les Vents du Tao

Le début de cette histoire se situe au Canada. A Vancouver plus exactement, pour les cerfs-volants qui plus est. Devant une boutique, près du marché aux poissons, il y avait une grosse sculpture qui tournait avec le vent. Le « Whirligig » un art populaire anglo-saxon. Ce sont des objets en bois qui tournent avec le vent, comme des éoliennes, des girouettes. Karine est fascinée. Dès lors, le vent ne cesse de la suivre dans ses envies. Elle glisse petit à petit vers la création de sculptures sortant tout droit des rêves de la petite fille solitaire qu’elle avait été lorsqu’elle parcourait les falaises entre Gémozac et Talmont à vélo, et qu’elle se cachait pour lire sous la caresse des vents. C’est ce qui l’a amené à exposer, début décembre, au Carrousel du Louvre. Le Carrousel du Louvre… La consécration, la reconnaissance d’une demi-douzaine d’années de dur labeur.

Atelier by Adélaïde
Atelier by Adélaïde

« Au début quand on a commencé ensemble à faire les sculptures qui tournent avec le vent, c’était des choses grandes, et puis après, moi j’ai continué, toute seule, avec toutes les choses qu’on avait récoltées. J’ai fait des choses plus petites… A ma taille… Et j’avais envie de reprendre quelque chose de grand et pour cette expo au Carrousel du Louvre. Le thème était l’architecte Zaha Hadid. Elle est irakienne et a fait sa vie professionnelle en Angleterre. Alors j’ai réalisé quelque chose de grand. Cette sculpture fait 1,63m, une grande femme, une grande poupée, avec un gros bidon de lait. Sa jupe c’est un luminaire industriel, sa tête c’est une couscoussière, et je lui ai mis plein de cheveux en muselets de champagne. C’était un travail de fourmis ! ».

 

Elle est attachée aux vieux objets, comme l’étaient ses 2 grands-mères qu’elle a eues longtemps auprès d’elle.

« Je suis sensible aux objets qui ont pu vivre. Je les chine moi-même avec mon mari. C’est un peu l’objet qui me parle… Sa forme… Je vois tout de suite un petit bec d’oiseau, un museau, une silhouette, au moment où je img_1799les vois. Je m’assois devant eux et je les regarde… J’en prends un, puis un autre, je les assemble. Et les personnages prennent vie. Parfois je m’assois devant mes objets et je réfléchis, je pense à eux et c’est pendant ce temps-là que ça s’assemble. Je me lève, et je prends un objet, j’essaie, ça marche ou pas… En fait, en faisant mes sculptures, j’ai retrouvé le plaisir de jeux d’enfants. J’avais un jeu qui s’appelait « Patatras ». J’accrochais des bonhommes les uns aux autres, et il fallait que ça tienne et au bout d’un moment… « Boum » … Ça tombait… Et je retrouve ça quand je fais mes poupées… J’essaie de leur faire de beaux yeux… Je ne sais pas ce qu’en aurait dit Mr Freud, mais elles n’ont pas d’oreille, elles sont ouvertes comme ça… Il y a une boîte toujours, pour cacher des choses ou des secrets… Au début c’était des danseuses… ! »

Calligraphie de Karine Toaki by Adélaïde
Calligraphie de Karine Toaki by Adélaïde

En fait, Karine m’explique que les sculptures sont toujours différentes selon les personnes qui les font, selon l’âge, le vécu, la culture… Car elle enseigne aussi sa passion. Elle est sociologue de formation. Sociologue spécialisée dans les arts et les modèles culturels. Elle enseigne aussi la calligraphie, art zen et raffiné qu’elle aussi, a appris en Chine. Cependant, elle n’expose plus ses œuvres calligraphiques.

Calligraphie de Karine Taoki
Calligraphie de Karine Taoki

« Je préfère donner des cours. C’est tellement agréable d’apprendre aux gens, aux enfants. Dans les ateliers de peinture par exemple, les adultes essaient de guider les enfants, alors je leur conseille de partir se promener, de laisser les enfants. Ce n’est pas grave de dépasser, mais pour eux si… Ils ont oublié de laisser leur imagination s’amuser. Mais par contre dans les ateliers où les adultes font des collages, ils s’amusent tellement. Ils laissent libre cours à leur imagination. Ils sont dans la maîtrise, pas les enfants »

white-flowers-366866_1280Les adultes veulent maîtriser, et les enfants se faire plaisir, créer, jouer, imaginer… Autant de différences qui enrichissent Karine et Ludo, car eux, ce qu’ils aiment, ce sont ces rencontres diverses et variées quand ils enseignent. La transmission est importante dans leur démarche. Mais il y a une chose qu’ils voudraient bien faire comprendre aux adultes : pour créer, il faut se laisser aller à ce qui nous plaît, ce que l’on a au fond de nous, que l’on n’ose pas dire ou faire, ne pas chercher à contrôler… Juste laisser gambader notre esprit comme le vent

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A propos de l’auteure

Fille d’un artisan-expert judiciaire, puis chef d’entreprise à mon tour, j’ai décidé de quitter le nid familial pour voler de mes propres ailes. J’ai alors œuvré dans le 1er groupe de presse français pendant 15 années. La filiale dans laquelle je travaillais a fermé ses portes après plus de 40 ans d’existence. D’un malheur est né un rêve. Je me suis alors inscrite dans une célèbre école de journalisme. Et mon diplôme d’attachée de presse en poche… Me voici…

Vous allez découvrir que je suis spontanée, capricieuse, espiègle, malicieuse faut-il croire, rêveuse sûrement, contemplative absolument, timide beaucoup et agaçante semblerait-il, sans aucun doute, pour certains…

Ce sont assurément pour toutes ces raisons, qu’il vaut mieux que j’écrive, c’est encore là que je reste la plus mignonne… Quoique !

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