Marc Binnié : Quand la littérature et la philosophie rencontrent le droit

Publié le 21 septembre 2016 Catégorie : Reportages

Crédit Photo : Antonia Machayekhi Contact : antonia.machayekhi@gmail.com
Crédit Photo : Antonia Machayekhi
Contact : antonia.machayekhi@gmail.com

A 54 ans, Marc Binnié, Greffier du Tribunal de Commerce de Saintes, est aussi le Président co-fondateur d’APESA (Aide Psychologique des Entrepreneurs en Souffrance psychologique Aigüe), dispositif en cours de déploiement dans 35 tribunaux de commerce en France.

Marc Binnié est un homme presque ordinaire qui s’est formidablement bien entouré pour faire des choses extraordinaires. Ainsi, il joue les paradoxes sans le vouloir. Entre droit et philosophie, entre la machine juridique structurée de la Justice et l’âme humaine en dérive, il allègue :

« Les procédures sont là pour régler les problèmes, mais peut-on employer le simple mot de « Difficulté » pour quelqu’un qui perd son entreprise (donc son moyen de subsistance), sa maison, ses biens, sa famille et ses amis… Peut-on se fermer aux idées noires d’un chef d’entreprise dont la vie s’écroule ? Nous pouvons tout surmonter avec un simple coup de pouce parfois… ».

Créer des liens qui rendent plus fort, est ce que Marc Binnié a transmis à ses enfants. C’est aussi ce qu’il a fait avec APESA :

« L’économie c’est demander, recevoir et prendre. Le don c’est donner, recevoir et rendre. Chaque personne qui a reçu ce don de l’écoute, de la dignité rendue, donne à son tour ».

Il reconnaît que la souffrance des petits patrons est mal connue, et que c’est cette détresse qui l’a poussé à agir et à créer APESA avec Jean-Luc Douillard, psychologue clinicien : « Il faut une part de psychologie pour être humain, et pour mesurer que les choses s’améliorent. Le droit est au service des gens jour après jour ».

63.000 dossiers déposés par an dans les Tribunaux de Commerce, font autant de personnes qui ont besoin d’être aidées et respectées pour ce qu’elles sont capables de faire, et ce n’est pas un manque de respect que de tendre la main argue-t-il. Marc Binnié explique que le matin quand un chef d’entreprise embauche, il salue son équipe en disant « Bonjour ça va ? », mais est-ce qu’une seule personne lui pose, à lui, la question de savoir comment il va ? L’idée est simple : expliquer que les chefs d’entreprise souffrent comme les autres quand ils vont mal, et que même si leur image de leader est mise à mal, il faut s’intéresser à eux.

« La déshumanisation n’est pas indolore, c’est ce que j’ai exposé à l’Ecole de la Magistrature ».

Le Président co-fondateur d’APESA remarque en citant Olivier Torrès, que le suicide d’un chef d’entreprise est un fait divers, alors que le suicide d’un salarié est un fait de société, parce que nous vivons dans un monde économique  dur et impitoyable, dans lequel, l’échec et la défaillance n’ont pas de place : « Quand un entrepreneur tombe, c’est un concurrent de moins ! »

Pourtant, il y a des solutions rationnelles pour avancer et gérer la complexité des situations quotidiennes, car c’est dans la souffrance que tout un chacun avance bien souvent philosophe-t-il.

Et c’est parce que Marc Binnié a suivi des études littéraires avant de faire ses études de droit, qu’il dit que la raison (la création) et le chaos (ne plus rien maîtriser) donnent lieu à l’esprit tragique (la tragédie grecque), qui loin d’embrouiller, apaise.

 

Un grand merci à Antonia Machayekhi pour la photographie de Marc Binnié.

Contacts  : 06 47 59 41 44 et antonia.machayekhi@gmail.com

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A propos de l’auteure

Fille d’un artisan-expert judiciaire, puis chef d’entreprise à mon tour, j’ai décidé de quitter le nid familial pour voler de mes propres ailes. J’ai alors œuvré dans le 1er groupe de presse français pendant 15 années. La filiale dans laquelle je travaillais a fermé ses portes après plus de 40 ans d’existence. D’un malheur est né un rêve. Je me suis alors inscrite dans une célèbre école de journalisme. Et mon diplôme d’attachée de presse en poche… Me voici…

Vous allez découvrir que je suis spontanée, capricieuse, espiègle, malicieuse faut-il croire, rêveuse sûrement, contemplative absolument, timide beaucoup et agaçante semblerait-il, sans aucun doute, pour certains…

Ce sont assurément pour toutes ces raisons, qu’il vaut mieux que j’écrive, c’est encore là que je reste la plus mignonne… Quoique !

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