Le Maroc : si proche, si exotique…

Publié le 8 août 2018 - Chroniqueur : Nicolas Messner

Il en va ainsi de certaines destinations qui vous laissent parfois un goût amer, un parfum de regret ou encore un je ne sais quoi de ‘plus jamais ça’. Pourtant le Maroc est à l’opposé de ces sentiments négatifs. Aussi loin que je m’en souvienne, ce sont des couleurs par milliers, des senteurs épicées et des regards chargés de fraternité qui remontent à la surface de ma mémoire. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai traversé la Méditerranée pour me rendre dans l’ancien Empire chérifien. Le Maroc fut d’ailleurs une des premières destinations de vacances que je découvrais avec mes parents. Je n’avais que quatre ou cinq ans tout au plus et je n’étais pas encore en mesure de pouvoir réellement comprendre tout ce que je voyais, mais je suis persuadé que mes premières découvertes marquèrent à jamais l’attachement que j’ai pour ce Royaume pas si lointain.

Il ne faut en effet que quelques heures de vol depuis la plupart des grandes villes françaises pour rejoindre Casablanca, Rabat, Tanger ou encore Marrakech. Il n’en faut pas plus pour se plonger dans un autre monde, un monde d’exotisme et de dépaysement garanti.

Alors qu’il aurait été plus aisé de prendre l’avion, pour ce premier voyage qui marqua tant mon enfance, nous priment la voiture au départ de Strasbourg, et à l’image de ces familles marocaines qui traversent l’Europe le toit chargé de bagages pour retrouver leurs racines le temps d’un été, nous traversâmes la France de part en part, puis l’Espagne jusqu’à Algésiras, où nous nous embarquâmes sur un navire qui me parut gigantesque, à l’assaut du Détroit de Gibraltar, direction Tanger. Toute une aventure !

Je ne vous en dirai pas beaucoup plus sur mes premiers émois olfactifs et visuels car ils sont noyés dans le dédale de mon oubli. Je me rappelle des grandes murailles ocres, des rosiers magnifiques, des couscous gargantuesques qu’il fallait manger avec les doigts, des charmeurs de serpents et des arracheurs de dents, des tanneries à ciel ouvert dont l’odeur ne me parut pas aussi nauséabonde que des années plus tard lorsque je les visitais à nouveau. Au-delà de ces mémoires d’enfance, j’ai depuis eu l’occasion de parcourir une grande partie du territoire marocain et de me bâtir un sérieux attachement pour ce pays coloré et pour son peuple accueillant.

Une des choses qui peut-être frappe le plus quand on débarque pour la première fois au Maroc, c’est sa diversité dans l’unité. Car oui il y a une unité marocaine et un sentiment fort d’appartenance à un pays à l’histoire séculaire, un attachement assumé au drapeau rouge frappé d’une étoile verte à cinq branches, qui me fascina tant lors de mon premier séjour que je fis des pieds et des mains pour en ramener un en France. Au-delà de l’unité évidente, il y a de grandes différences visuelles et culturelles du nord au sud et de l’est à l’ouest du territoire. Si les premiers hommes ont laissé, sur ce qu’on appelle le Maroc aujourd’hui, des traces il y a plus de 700 000 ans déjà, ce sont les conquêtes arabo-musulmanes, l’histoire des Berbères, les dynasties Idrisside, Almoravide, Almohade, Mérinides et plus récemment les Alaouites ou encore la période de protectorat franco-espagnol qui ont dessiné un pays complexe à la richesse incomparable.

Si l’étymologie de « Maroc » rattachait le pays au berbère « Ameṛṛuk », diminutif de « Amurakuc », nom originel de la belle « Marrakech », et lui-même issu du berbère « amur n ukuc » qui signifierait « terre de Dieu », ou « terre sacrée », il ne faut pas s’en étonner car il y a une part de divin dans les paysages montagneux de l’Atlas ou désertiques du Sahara, dans les souks légendaires des grandes villes ou dans le bleu et le blanc des rues de Chefchaouen. D’un autre côté, si l’on se rapporte au nom du Maroc en arabe « Al Maghrib », qui signifie en français « le Couchant » ou « l’Occident », ou de manière plus complète Al-Maghrib Al-Aqsa, « le Couchant Lointain », on devine aisément qu’en visitant le Maroc, vous serez transporté vers des horizons lointains et enchanteurs.

Une fois que tout cela a été dit, si vous me demandez de décrire ‘mon’ Maroc, je ne saurai vraiment pas par quel bout commencer, tant il y a de choses à dire. J’aime les plages d’Agadir, surtout à la nuit tombée, hors saison, quand le sable se pare des couleurs de l’obscurité et que la symphonie de l’Atlantique vient s’éclater en mille rouleaux sur la grève. J’aime l’imprenable Essaouira ou encore la Grande Mosquée de Casablanca qui défient l’océan avec fierté. J’aime la folie de la place Djemaa el Fna et des souks de Marrakech. J’aime encore ce grand sud près de Dakhla, perdu sur le territoire du Sahara Occidental, qui reste encore disputé, et dont j’ai découvert récemment les centaines de bateaux de pêche entassés sur un isthme de sable dont l’isolement n’a pas d’égal. Que dire de Fes, Meknes, Tétouan, Errachidia, Midelt… et je ne peux pas toutes les citer ? Que penser de Oujda, Nador, Safi ou encore Tiznit, dont la douce mélodie des noms résonne dans ma tête ?

Le Maroc est un bijou qui oscille entre la rudesse du climat désertique du grand sud et la douceur des côtes méditerranéennes et atlantiques, entre les deux, toutes les nuances coexistent ; un bijou taillé dont chacune des facettes rappelle la longue histoire du royaume ; un bijou flamboyant que les cultures arabo-musulmanes et berbères ont renforcé au fil des siècles.

Mais ce qui, à mes yeux, rend le Maroc encore plus exceptionnel et attirant, c’est son peuple : coloré, chatoyant, exubérant, souriant et tellement amical. Alors oui, vous trouverez sans doute que les vendeurs de la place Djemaa el Fna de Marrakech en font un peu trop, vous aurez peut-être le sentiment de ne pas toujours être compris, vous penserez à de nombreuses reprises être considéré comme le touriste de passage, plein aux as et dont il faut soutirer quelques dinars. Mais c’est accorder peu de crédit à une population qui sait encore ce qu’accueillir veut dire, qui fait de l’invité que vous êtes un invité de marque et qui n’a de cesse de vous montrer à quel point le Maroc est décidément une destination à privilégier.

A propos de l’auteure

Fille d’un artisan-expert judiciaire, puis chef d’entreprise à mon tour, j’ai décidé de quitter le nid familial pour voler de mes propres ailes. J’ai alors œuvré dans le 1er groupe de presse français pendant 15 années. La filiale dans laquelle je travaillais a fermé ses portes après plus de 40 ans d’existence. D’un malheur est né un rêve. Je me suis alors inscrite dans une célèbre école de journalisme. Et mon diplôme d’attachée de presse en poche… Me voici…

Vous allez découvrir que je suis spontanée, capricieuse, espiègle, malicieuse faut-il croire, rêveuse sûrement, contemplative absolument, timide beaucoup et agaçante semblerait-il, sans aucun doute, pour certains…

Ce sont assurément pour toutes ces raisons, qu’il vaut mieux que j’écrive, c’est encore là que je reste la plus mignonne… Quoique !

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