Les goûts changent !

Publié le 28 mai 2018 - Chroniqueur : Véro Beauvoit

L’esprit ambivalent, l’homme reprend le travail aujourd’hui. La fin des vacances est toujours désagréable. La reprise d’un quotidien routinier scandé par des horaires imposés lui est devenu insupportable. Ce jour là, cependant, une différence s’est glissée dans son retour à la besogne, l’infiltration d’une attente, étrange sentiment d’espoir mêlé d’appréhension.

© Stocklib awrangler
© Stocklib awrangler

Une femme aux yeux noirs, cheveux ondulés jusqu’aux épaules, fine, gracieuse, était entrée dans son bus un matin.

Ces 15 jours passés, il l’a désirée. Une bouffée d’air au bord de mer parmi la foule estivale de la plage.

© Stocklib zoomteam
© Stocklib zoomteam

Arrêt De Gaulle, ligne 24, elle attendait sous l’abri-bus.  À la vue du car, elle fit un signe de la main pour le stopper. Il s’arrêta, ouvrit la porte. Elle monta délicatement les marches. D’une voix légère, le visage radieux, elle lui dit bonjour,  montra sa carte de transport puis alla s’asseoir sur le siège derrière celui du chauffeur. Leur regard se croisèrent dans le rétroviseur. Les jours suivants, le conducteur de bus la revit à la même heure, la même station. Elle s’installait toujours à la même place, derrière lui.

Après une semaine de ce rituel, il partit en congé.

© Stocklib ocusfocus
© Stocklib ocusfocus

Toutes les vacances il a rêvé son regard, son sourire, sa voix gracile, son pas élancé. Un désir naissant de la connaître un peu a traversé son esprit, mais il l’a vite éconduit.

Ce matin, le désir est revenu, pressant. Sera-t-elle à nouveau au rendez-vous De Gaulle ? Fera-t-elle son mouvement de main pour l’arrêter ? Prendra-t-elle place au même endroit dans le bus ? Que de questions manifestant son impatience !

Et lui ? Osera-t-il se prononcer pour une invitation ?

© Stocklib kiuikson
© Stocklib kiuikson

Pour une reprise du travail, son cœur frémit, palpitant comme si c’était le grand tournant d’une vie, de sa vie. Il craint de n’oser franchir le cap, de bégayer pour sa demande. Il craint le non en guise de réponse. Ce non qui le ferait rougir de honte, un non impitoyable qui l’abattrait si elle le prononçait.

Frémissant, il se rend au dépôt avec l’espérance d’un rendez-vous prochain. La vie change de couleur, elle n’a pas la saveur aigre-amer de l’avant la rencontre. C’est saisissant.

999863670Il ne fait pas toujours partie de nos lectures régulières dans leur intégralité, le dictionnaire reste, cependant, un recueil fabuleux pour tous les amoureux des mots et expressions. D’autant que celui que je vous propose est un incontournable des fans de Niki De Saint Phalle. J’en suis une. Avoir chez soi « LE PETIT DICTIONNAIRE NIKI DE SAINT PHALLE EN 49 SYMBOLES » de Lucia Pesapane, c’est rendre hommage à l’artiste. J’aime ses Tarots, ses couleurs, sa créativité. Et ses Nanas, porte-paroles qui fonctionnent sur le mode de la dissémination, conquérantes. Elles dénoncent les rôles étroits dans lesquels la société enferme les femmes. Nanas habitées de puissance, de vitalité.  Niki invite un monde où les femmes sont des soleils, des héroïnes.

LE PETIT DICTIONNAIRE WIKI DE SAINT PHALLE EN 49 SYMBOLES, Lucia Pesapane, Ed. Réunion des Musées Nationaux, 10 septembre 2014,  128 p.

pasja1000 @Pixabay
pasja1000 @Pixabay

Au Prieuré de St Cosme, le soleil n’était pas au rendez-vous en ces vacances d’avril, mais j’ai trouvé le rayonnement du jour, avec Ronsard qui célèbre le cycle des saisons et des floraisons comme un hymne à la vitalité créatrice de l’homme. Carpe diem, cueille le jour, dit-il.

Le soleil se cache un peu partout !!! Il suffit de le chercher.

Côté accords : la petite règle d’orthographe du mois

Qu’est-ce que l’anacoluthe ?

Une figure de style qui marque la rupture ou discontinuité dans la construction d’une phrase.

Deux exemples pour illustrer cette figure :

© Stocklib subbotina
© Stocklib subbotina

« Elle berce et sourit à son enfant. » est une anacoluthe.

Il faudrait dire : « Elle berce son enfant et lui sourit. », ou « Elle parle et sourit à son enfant. ».

Le verbe bercer ne s’emploie pas avec la préposition « à » alors que parler et sourire sont suivis de la préposition « à ».

@Shutterstock
@Shutterstock

Autre exemple d’anacoluthe :

« Le roman n’est pas pressé comme au théâtre. »

Il faudrait dire : « Le roman n’est pas pressé comme le théâtre. »

Bonne lecture !

Rédigé par : Véro Beauvoit

A propos de l’auteure

Fille d’un artisan-expert judiciaire, puis chef d’entreprise à mon tour, j’ai décidé de quitter le nid familial pour voler de mes propres ailes. J’ai alors œuvré dans le 1er groupe de presse français pendant 15 années. La filiale dans laquelle je travaillais a fermé ses portes après plus de 40 ans d’existence. D’un malheur est né un rêve. Je me suis alors inscrite dans une célèbre école de journalisme. Et mon diplôme d’attachée de presse en poche… Me voici…

Vous allez découvrir que je suis spontanée, capricieuse, espiègle, malicieuse faut-il croire, rêveuse sûrement, contemplative absolument, timide beaucoup et agaçante semblerait-il, sans aucun doute, pour certains…

Ce sont assurément pour toutes ces raisons, qu’il vaut mieux que j’écrive, c’est encore là que je reste la plus mignonne… Quoique !

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