Eloquence du pied

Publié le 4 décembre 2017 - Chroniqueur : Véro Beauvoit
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Talons compensés, talons aiguilles, des hauteurs variables à ses pieds, qui, cambrés, lui confèrent l’assurance dont elle a besoin en société. Prendre de la hauteur dans des escarpins, créer de l’ambiguïté dans des cuissardes, installer de la distance dans des bottines, la hauteur sur pied est prétexte à dissimuler tout complexe. Son entrée déborde de chaussures à talons.

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Dans un coin, le plat fait grise mine. Une paire de baskets rose pour le footing, deux paires de pantoufles pour traîner, quelques paires de claquettes pour la piscine, la plage. A plat, ses pieds relâchent la tension posturale, elle n’a rien à prouver.

Le talon plat, un entre-soi, une intimité, de l’horizontalité dans sa relation au monde.

9782373850581-500x679Et si nous allions voir du côté d’Arlette, Arlette Farge, historienne, spécialiste du XVIIIe siècle, archiviste.

Dans son ouvrage « Il me faut te dire » aux Editions du Sonneur, elle nous invite à penser à quelqu’un, lui écrire, sur du papier, à la main. Prendre le temps d’un entre-soi pour être avec l’Autre. Dans ses lettres imaginaires, si proches de nous qu’on les croirait nous être adressées, son éloquence du coeur bouleverse.

 

« Chère Françoise,

Bien reçu ton mail, avec toutes les nouvelles et réflexions en tous sens qui font le bonheur de notre correspondance.

Pourtant, je suis « chiffonnée » : je t’avais écrit une grande lettre : j’attendais ta réponse avec gourmandise. J’ai guetté plusieurs jours le facteur, retourné le contenu de ma boîte emplie de journaux, imprimés et factures. Moche. Pas de lettre. (…) » écrit-elle dans les premières lignes de sa première lettre.

Il me faut te dire, Arlette Farge, Les éditions du Sonneur, coll. Ce que la vie signifie pour moi, 80 pages, 10 euros

000392490Emmanuel Godo, auteur d’Une histoire de la conversation, voit dans la conversation épistolaire une forme de « jeu » dans lequel il est permis « d’inventer un mode de relation entre les êtres ».

Emmanuel Godo, Une histoire de la conversation, Presses universitaires de France, coll. Perspectives littéraires, 2003, 320 pages.

 La fin de l’année approche. C’est le temps des bilans.

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Rompre une longue période de silence par quelques mots glissés dans une enveloppe, la timbrer avant de l’insérer dans la boîte jaune proche de chez nous, une belle occasion d’offrir une pensée à une personne chère.

Et quel plaisir de recevoir dans notre boîte aux lettres qui déborde de prospectus, de factures, peut-être du colis de la paire de chaussures commandée sur internet, un billet retour !

Le jeu est alléchant !

 Côté accords : la petite règle d’orthographe du mois

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« Un amour vif – Des amours vives »

« Amour », nous fait la surprise d’être masculin quand il est employé au singulier, et de changer pour le féminin quand il est au pluriel.

 

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Il n’est pas le seul mot de la langue française à suivre cette règle !

« Un délice voluptueux – Des délices voluptueuses »

« Grand orgue – Grandes orgues »

Bonne lecture

Rédigé par : Véro Beauvoit

A propos de l’auteure

Fille d’un artisan-expert judiciaire, puis chef d’entreprise à mon tour, j’ai décidé de quitter le nid familial pour voler de mes propres ailes. J’ai alors œuvré dans le 1er groupe de presse français pendant 15 années. La filiale dans laquelle je travaillais a fermé ses portes après plus de 40 ans d’existence. D’un malheur est né un rêve. Je me suis alors inscrite dans une célèbre école de journalisme. Et mon diplôme d’attachée de presse en poche… Me voici…

Vous allez découvrir que je suis spontanée, capricieuse, espiègle, malicieuse faut-il croire, rêveuse sûrement, contemplative absolument, timide beaucoup et agaçante semblerait-il, sans aucun doute, pour certains…

Ce sont assurément pour toutes ces raisons, qu’il vaut mieux que j’écrive, c’est encore là que je reste la plus mignonne… Quoique !

Contactez-moi !

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